Depuis 2005, les surfaces cultivées de quinoa ont doublé en Bolivie, l'un des principaux producteurs de cette graine andine, dont la demande mondiale et le prix sont en augmentation constante. D'après le directeur de l'Institut national d'innovation agricole et forestière (Iniaf),la culture de cette plante - qui appartient à la même famille que la betterave ou l'épinard, mais est considérée comme une "pseudo-céréale" - occupe désormais 70 000 hectares, pour une production estimée à 44 000 tonnes.
La valeur nutritionnelle de cette graine, riche en protéines et
cultivée depuis plus de 7 000 ans sur les hauts plateaux andins, a été
soulignée par les Nations unies. Lundi 11 juin, le président bolivien, Evo Morales, a été désigné
"ambassadeur spécial" de la FAO (Food and Agriculture Organization),
l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, afin de promouvoir ce "super aliment" dans le cadre d'un programme sur trois ans .
ENTRE 2 500 ET 3 000 DOLLARS LA TONNE
"Face à la crise alimentaire mondiale, les peuples andins disposent de plusieurs solutions, et l'une d'elles est le quinoa", a déclaré à la tribune de la FAO le président d'origine amérindienne Evo Morales. Le quinoa présente l'avantage de
pousser dans des zones semi-arides et jusqu'à 4 000 mètres d'altitude.
Des cultures expérimentales sont actuellement menées partout dans le
monde ( et en France notamment, cf ci-dessous).
La Bolivie est le deuxième producteur derrière le Pérou et le premier exportateur mondial avec 70 % du marché.
Les prix actuels oscillent entre 2 500 et 3 000 dollars la tonne. Deux
tiers de la production partent à l'exportation, parmi lesquels 54 % aux USA 32 % en Europe et 6 % au Canada.
En Bolivie, "il y a dix ans, il y avait 35 000 hectares plantés mais les prix ont augmenté et il y a plus de gens qui en sèment. Avant, les gens ne semaient pas le quinoa, ils quittaient le pays (...), maintenant ils reviennent semer", explique à l'AFP le président d'une association de producteurs.
AFFRONTEMENTS ET HAUSSES DES PRIX
L'extension des surfaces cultivées provoque des conflits sanglants entre paysans dans des régions où les limites territoriales ne sont pas définies très précisément.
"Si l'activité productive reste centrée sur une espèce séculaire,
(...) le système agraire, l'organisation collective et l'organisation
familiale de la production ont été bouleversés (...) pour aboutir aujourd'hui à une crise foncière, et des tensions sociales multiples"..
"La non régulation de l'extension et de la localisation des
parcelles dans la plaine ont abouti à une monoculture favorable à la multiplication des ravageurs de la
culture et à l'érosion éolienne", "La
marginalisation de l'élevage a provoqué une baisse de la production de
fumier et la perte de la sécurité financière que constituait la vente
des animaux dans les moments de nécessité."
Sans compter que de nombreux Boliviens ne sont plus en mesure de s'offrir celle qu'on surnomme "la graine d'or", la consommation
aurait baissé d'un tiers pendant que les prix triplaient dans les cinq
dernières années. Dans les supermarchés, un sac d'un kilo coûterait près
de 5 dollars, cinq fois plus que le même poids de riz.
Du quinoa dans le Val de Loire
La
"graine des Incas" tente une percée dans le Val de Loire, où une
poignée d'agriculteurs parie sur cette plante.
La surface de quinoa cultivée dans une zone
allant de l'Anjou au sud de la Sarthe et jusqu'au Poitou a doublé entre
2009 et 2010, passant de 100 à 200 hectares pour 216 tonnes récoltées en
2010.
Modestes, les premières récoltes du quinoa du Val de Loire sont pourtant le fruit d'un "travail de 20 ans",
réalisé notamment à l'université Wageningen des Pays-Bas, et au
Danemark, pour mettre au point des variétés adaptées à la culture en
France.
Deux laboratoires de l'Ecole supérieure d'agriculture d'Angers (ESA),
partenaires du projet, travaillent également à l'amélioration de la
culture.
Source: Le Monde Economie, 18 juin 2012.
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