Le
cancer, ou plutôt les cancers - tant ils sont différents dans les
origines qu'on leur connaît, dans leurs manifestations et dans les
manières dont on peut choisir de les traiter - continuent de présenter
de nombreuses inconnues.
Les causes des cancers sont souvent complexes à identifier ou à
isoler. Leurs mécanismes de progression et donc ceux de leur possible
inhibition font l'objet de recherches scientifiques dans de multiples
domaines, au même titre que la mise au point de traitements à la fois
efficaces sur tous types de terrains biologiques et suffisamment
inoffensifs dans leurs effets secondaires.
D'un point de vue statistique, la plus forte prévalence des cancers
sur certaines prédispositions génétiques a permis de déterminer que le
niveau de risque varie en fonction du génome des individus. Toutefois le
déterminisme génétique ne saurait expliquer isolément le cancer et
l'environnement, l'hygiène de vie et le psychisme se combinent
également.
De nombreuses substances - issues notamment de l'activité humaine - sont désormais reconnues comme cancérogènes
: benzène, dioxines, amiante, ... Elles sont essentiellement mises en
cause dans des cas d'exposition particulièrement intense ou prolongée,
essentiellement dans l'exercice de professions où ces composés sont
omniprésents.
Certains facteurs de risque peuvent être maîtrisés
Sur le plan alimentaire, certains aliments transformés émanant de
l'industrie agroalimentaire présentent un risque avéré. Certains
additifs sont clairement recensés comme cancérogènes
et les matériaux employés pour le conditionnement des denrées
alimentaires sont également à surveiller de près. Toujours dans les
produits considérés à risque, une étude publiée par le Figaro a
récemment fait grand bruit concernant le développement, chez l'animal,
de tumeurs suite à l'ingestion répétée de certains végétaux OGM . A contrario, certains aliments semblent clairement réduire le risque de développement du cancer . L'article de Jocelyne Duchein, en seconde partie de cette Lettre d'Information, apporte plus de précision sur le sujet.
Sur le plan plus général de l'hygiène de vie, la pratique d'activités
physiques est particulièrement corrélée à une moindre incidence de la
plupart des cancers (colon, sein, poumon).
Intimement lié aux choix alimentaires et à l'exercice régulier, le
mental semble jouer un rôle important dans le développement ou non du
cancer et de manière encore plus flagrante dans sa régression lorsqu'il
est diagnostiqué et traité. Toutefois restant indissociable d'une
démarche thérapeutique, son influence propre peut difficilement être
mesurée comme facteur explicatif.
Approches conventionnelles et complémentaires
La prise en charge conventionnelle par les milieux médicaux reste à
l'heure actuelle la principale voie de traitement proposée. Une certaine
circonspection s'impose cependant. D'une part, une étude parue dans la
revue Nature a récemment souligné l'insuffisance des preuves
d'efficacité de certaines molécules fréquemment employées . D'autre part, chimiothérapies et autres traitements cytolytiques présentent des effets collatéraux non négligeables.
Cette prudence est d'autant plus de mise que les dispositifs de
dépistage restent très imparfaits et conduisent à de nombreux faux
positifs, ne permettant pas de poser un diagnostic catégorique du
cancer.
Les thérapies complémentaires - homéopathie, régimes,
supplémentations, phytothérapie, médecine chinoise -, historiquement
vues d'un mauvais œil par l'orthodoxie médicale, font pourtant partie
des pistes qu'explorent de plus en plus de malades atteints du cancer.
Indépendamment de l'efficacité respective de chacune de ces techniques,
elles ont toutes en commun de s'intégrer pleinement dans une démarche de
réappropriation des choix de santé personnels par les patients et de contribuer, par conséquent, à une dynamique volontaire de guérison.
Pour prolonger cette lecture, ci-dessous, en
références, une liste de sources pour approfondir
les différentes facettes évoquées.
Références :
1-Définition et recensement des cancérogènes sur le site Wikipédia;2 Site INRS: classification des produits chimiques cancèrogènes.3- UFC Que choisir? liste des additifs alimentaires.4- http:sante.lefigaro.fr, article sur le lien entre OGM et cancers.5-Site de l'INRA sur recherche et cancers.6-Institiut Américain du Cancer sur le rôle de l'activité physique ( en Anglais) et site association Siel bleu7- revue Narture sur les erreursdans l'évaluation des spécialités pharmaceutiques ( en Anglais)8-Site les Echos sur l'attrait des médecines douces.
La parole aux thérapeutes: Aliments et cancers
Jocelyne
Duchein, Conseillère d'Hygiène Vitale et auteur de "A propos de nous"
aborde l'impact du facteur alimentaire dans le développement - et dans
la prévention - de la maladie.
"QUE TON ALIMENT SOIT TON PREMIER REMEDE" affirmait Hippocrate au IVème siècle avant J.C.
Aujourd'hui, nous sommes convaincus que la prévention du cancer est aussi dans l'assiette.
Face au cancer, tous les spécialistes, cancérologues et spécialistes
de la nutrition sont unanimes pour affirmer qu'en mangeant plus
équilibré, on pourrait réduire de 30% le nombre de cas de cancer.
Il y a déjà 12 ans, le premier rapport du Fonds mondial de recherche
contre le cancer (World Cancer Research Fund, WCRF) concluait qu'une
alimentation saine et équilibrée permettrait d'éviter 100000 cancers en
France, soit, au niveau mondial, 3 millions de cas !
Le docteur Serge Hercberg, directeur de l'unité Inserm U557,
vice-président du comité stratégique du Programme national nutrition
santé et coordonnateur de l'étude européenne Suvimax - étude de l'Inserm
sur la supplémentation en vitamines et minéraux antioxydants qui
démontre l'importance des antioxydants dans la prévention des cancers
dans ses conclusions rendues en 2003, déclare : "Si, en mangeant mieux,
on pouvait déjà diminuer de 15% le nombre total des cancers, ce serait
énorme. Aucun médicament n'en est capable !"
Il faut donc souligner l'importance de la précocité d'acquisition des
bonnes habitudes alimentaires et l'application des règles générales
anti-cancer régulièrement répétées lors des campagnes d'information
auprès du public qui commencent à être bien connues :
- - ne pas fumer
- - limiter sa consommation d'alcool
- - lutter contre le surpoids
- - avoir une activité physique régulière
Il est mondialement et scientifiquement reconnu (voir le rapport du
WCRF, fin 2007, présenté à Paris, par le docteur Elio Riboli,
épidémiologiste à l'Imperial College de Londres et coordonnateur d'une
vaste étude prospective européenne sur le cancer et la nutrition) que
"la prévention des cancers passe par une stratégie nutritionnelle
globale et que les recommandations peuvent être affinées selon l'organe
atteint par la maladie".
Dans la lutte contre le cancer du colon-rectum –cancer en
augmentation partout dans le monde avec près d'1 million de nouveaux cas
par an, en France, 36000 nouveaux cas par an recensés en 2011- la
sonnette d'alarme retentit en 2005 avec l'étude EPIC sur 500 000
personnes suivies dans 10 pays européens qui a conclu que pour diminuer
de près de 30% le risque de cancer colorectal, il faut réduire la
consommation de viande rouge, d'abats et de charcuterie et augmenter les
apports en poisson. Le risque existe aussi dans le mode de cuisson,
déconseillant fortement la cuisson barbecue. Ce même rapport EPIC
affirme le rôle protecteur des fruits et légumes et de l'ail.
Dans la lutte contre le cancer de la prostate –cancer le plus
fréquent chez l'homme de plus de 50 ans, avec 680 000 nouveaux cas dans
le monde par an et 40 000 nouveaux cas en France par an- les aliments
riches en lycopène et en sélénium ainsi que l'absorption régulière de
thé vert sont très protecteurs. A l'opposé, toujours les experts du WCRF
constatent que le lait et les laitages sont des facteurs favorisant ce
cancer.
Dans la lutte contre le cancer de l'estomac – 870 000 nouveaux cas par
an dans le monde et 7000 nouveaux cas en France par an- la consommation
importante de sel, d'aliments fumés ou saumurés est reconnue comme
responsable de ce cancer. Il faut ajouter le risque que présente le
chlorure de sodium , très présent dans les plats cuisinés ainsi que
celui des viandes et charcuteries salées qui multiplient par 2 le
risque. Par contre, les fruits- surtout les agrumes- et les légumes
–tous mais davantage les poireaux, les oignons, les choux crus- ont un
effet protecteur.
Dans la lutte contre le cancer du foie- 625 000 nouveaux cas par an
dans le monde, 6000 nouveaux cas par an en France- l'alcool et les virus
des hépatites sont accusés. Dans les pays en voie de développement, il
est lié à la consommation de céréales contaminées par des moisissures
qui provoquent la formation de substances cancérogènes : les
aflatoxines.
Dans la lutte contre le cancer de l'oesophage- 460 000 nouveaux cas
dans le monde par an, 5000 nouveaux cas par an en France- l'absorption
d'alcool chaud et le tabac sont des facteurs de risque bien connus. Le
rôle protecteur de la consommation régulière des fruits et légumes est
démontré. Selon une vaste étude du Centre international de recherche sur
le cancer ou CIRC, 200g de fruits ou légumes par jour réduisent de 30%
le risque de ce cancer et même de 80% ceux de la bouche et du pharynx.
Dans la lutte contre le cancer du sein- 1 million de nouveaux cas par
an dans le monde et 42000 nouveaux cas par an en France- l'alcool est
néfaste alors que l'apport des aliments riches en oméga3 est bénéfique
ainsi que la consommation régulière de fruits et de légumes.
Dans la lutte contre le cancer du poumon- plus de 1,2 million de
nouveaux cas par an dans le monde (900 000 chez les hommes, 330 000 chez
les femmes) et 28 000 nouveaux cas par an en France- le rôle nuisible du
tabac est essentiel . Depuis plus de 30 ans, il est reconnu que la
consommation de fruits et légumes frais est extrêmement bénéfique.
Les tumeurs citées ci-dessus ne sont certes pas les seules qu'une
alimentation saine, équilibrée, biodynamique, la moins raffinée
possible, où le cru et le frais dominent, où les huiles vierges première
pression à froid et les aromates frais parfument les mets savourés dans
le calme et la joie, en quantité modérée, peut aider à prévenir.
En conclusion, je citerai l'exemple des habitants d'Abkhazie, petit territoire du Caucase où la longévité est exceptionnelle !
En effet, on y compte beaucoup de centenaires et même des super -
centenaires qui contractent peu de maladies dites de civilisation comme
les cancers, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, l'ostéoporose,
la démence. Seulement 3% des centenaires souffrent de la maladie de
Parkinson.
Le climat subtropical de ce territoire, peu pollué, explique en
partie la longévité de ce peuple mais c'est surtout leur alimentation
qui joue un rôle essentiel dans leur longévité exceptionnelle !
Que mangent-ils ?
Leur alimentation est peu calorique mais riche en éléments
biologiquement actifs comme les vitamines et les minéraux. Les Abkhazes
consomment de petites portions. L'assiette accorde une large place aux
légumes crus et cuits, lacto-fermentés, aux fruits (plus de 200
variétés) sortis tout droit du potager, cultivés sans pesticides ni
engrais chimiques . Les Abkhazes élèvent des poules, des pintades, des
chèvres, des brebis "tout est fait maison". L'association d'une céréale
avec une légumineuse constitue leur repas de tous les jours : exemple
maïs sous forme de polenta avec des haricots rouges écrasés. S'y
ajoutent des oeufs "maison", un peu de poisson et des fruits de mer
qu'ils vont pêcher eux-mêmes. Les Abkhazes consomment très peu de
viande, uniquement pendant les fêtes : poulet, chevreau, boeuf cru fumé.
Leur alimentation est riche en oméga3 grâce aux noix, noisettes et noix
de pécan. L'huile de tournesol et de maïs est de première pression à
froid. Au menu, très peu de produits laitiers : un peu de fromage de
chèvre ou de brebis. Point fort de ce régime : il contient très peu de
gluten car leur nourriture de base est le maïs, cuisiné en polenta et en
galettes. Cependant, il y a un peu de pain pétri à la main. Ils
pratiquent intuitivement des monodiètes, apprécient les fruits séchés
tels les kakis, les pommes et les prunes. Les aromates et les herbes
fraîches accompagnent chaque repas comme le basilic, la coriandre, le
persil, l'oignon et l'ail. Le sucre blanc raffiné est absent de leur
alimentation, juste un peu de miel. Presque pas de desserts, la
consommation de sel est également modeste, ils boivent de l'eau de
source des montagnes, du thé vert qu'ils cultivent eux-mêmes, un peu de
vin rouge sec "maison", faiblement alcoolisé. Ils préparent les aliments
pour un seul repas évitant le stockage au réfrigérateur et le
réchauffage le lendemain, ainsi pas de perte de vitamines et d'enzymes.
Dernier détail : même à un âge avancé, les Abkhazes restent en bonne
forme physique et mentale et ne consomment pratiquement pas de
médicaments. Pourquoi ne pas essayer de suivre leur exemple ?
Source: Synfonat; octobre 2012